Désigner mon champion parmi les romans de la sélection m'est assurément interdit : je ne suis plus lycéen depuis longtemps, et je n'en ai lu que cinq ! Mais rien ne m'interdit d'évoquer, brièvement et de façon informelle, une bonne surprise : Évariste.

Évariste... A dire vrai le titre ne m'attirait guère : il sentait la poussière de grenier, la naphtaline et le vieil album. Le sujet non plus ne me paraissait pas des plus enchanteurs : la vie d'un mathématicien... Un mathématicien génial certes, mais un mathématicien quand même ! Et puis, il y eut la quatrième de couverture, lue à la sauvette, où s'esquissa en ombres et lumières le profil flamboyant de celui qu'elle nomme le « Rimbaud des mathématiques ». Puis les premières pages du livre, enfiévrées comme un Sardanapale, échevelées comme la coiffure d'un Gautier... Romantique quoi ! Alors je me suis mis à lire hors d’haleine la vie de météore de ce mathématicien de vingt ans, insoumis et rebelle, amoureux et mort en duel, qui monta sur les barricades des Trois Glorieuses et croisa au hasard d'une nuit de prison la silhouette lunaire de Gérard de Nerval. La vie, pas la biographie. Car c'est bien de la vie que ce roman insuffle à la biographie officielle d’Évariste Galois. Une vie poétique, respirant les songes, et qui anime de mille prestiges les noirs de l'Histoire. « Je préférerai toujours le mystère aux certitudes bien forgées, le champ des possibles à l'indéniable vérité. »